Connaître ses ennemis plutôt que ses amis
Cet article se propose d’analyser l’asymétrie entre les deux Europe à travers le prisme des savoirs universitaires américains. Ce poste d’observation a notamment l’intérêt de renverser la perspective : alors que l’Europe centrale et orientale est régulièrement présentée comme la périphérie de l’Europe, l’étude du champ des études européennes aux États-Unis montre au contraire combien l’asymétrie lui fut favorable, l’Europe occidentale faisant figure de parent pauvre tout le long de la guerre froide. En effet, sa place s’affaiblit rapidement à partir des années 1940 à la faveur de deux bouleversements successifs : l’essor des Area Studies et l’affirmation de l’affrontement Est-Ouest. Les recherches sur la région manquèrent aussi de l’élan collectif et volontariste qui anima durant ces décennies les spécialistes américains de l’Europe du Centre-Est.