Les dispositifs de transparence entre instruments de gouvernement et « machines à scandales »
Depuis une quinzaine d’années, la politique européenne de transparence s’est principalement traduite par la provision de données concernant les processus décisionnels européens et les acteurs qui y contribuent. Présentés comme un moyen de rétablir la confiance des citoyens dans l’UE, ils sont aussi investis par les ONG pro-transparence comme une façon d’attirer l’attention sur les dysfonctionnements de l’UE. Soulignant l’ambivalence de la transparence comme mot d’ordre, l’analyse des dispositifs socio-techniques de fabrique et publicisation de ces données (et les négociations dont ils sont l’enjeu) permet également d’explorer différentes facettes du gouvernement par la transparence. Dans cette perspective, l’article observe d’abord comment ces dispositifs et données façonnent les représentations des phénomènes – « la société civile organisée » et sa place dans le policy-making européen – dont elles sont censées rendre compte. Il montre ensuite comment ils ont été le vecteur de l’enrôlement des acteurs cibles de cette politique et en particulier des plus critiques. Il revient enfin sur les usages des données qu’ils rendent – ou non – possibles, tant comme instrument de plaidoyer que comme ressource professionnelle pour les lobbyistes.