Un point de vue global sur l’Europe
Quels sont les éléments qui fondent la spécificité et la singularité de l’intégration
européenne ? Son expérience éclaire-t-elle les dynamiques régionales observables
ailleurs, et jusqu’à quel point ?
Pour les appréhender en se gardant des contre-sens, les processus de régionalisation doivent être contextualisés, c’est-à-dire analysés en intégrant les
dimensions spatiales, temporelles et culturelles qui façonnent les intérêts politiques, les significations et les types d’investissement dont ils sont le support.
Les pages qui suivent tentent de préciser les implications de cet argument, en
s’inscrivant dans la perspective formalisée par le courant de l’analyse contextuelle,
tel qu’il a été développé en particulier par Charles Tilly et Robert Goodin. Si la
régionalisation prend des formes aussi inégales, c’est que sa mise en forme est
dépendante des circonstances. Quels sont ces effets contextuels et comment
s’exercent-ils ? C’est ce que nous tentons de clarifier à partir du cas européen,
qui est celui ou les dynamiques de l’intégration ont été jusqu’ici les plus significatives, pour en souligner la singularité et en discuter la portée. Ce sont les
propriétés de situation et de temporalité qui expliquent, dans cette perspective,
le caractère unique de l’intégration régionale en Europe.