Européanisation ou otanisation ?
Les armées occidentales ont profondément changé suite à plus d’une décennie d’intervention militaire en Afghanistan. Cet article étudie l’une des modalités de ce changement, à savoir l’émulation sélective. Prises au dépourvu par l’évolution des combats en Afghanistan, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont allées chercher au sein de l’OTAN (au sein de la structure ou auprès des autres États membres) des réponses doctrinales et matérielles aux défis auxquels elles étaient confrontées sur le terrain. Néanmoins, l’importation de solutions doctrinales et matérielles se fait en fonction des spécificités des contextes politico-militaires nationaux, notamment la proximité envers les États-Unis, la présence d’une industrie de défense développée ou une culture stratégique spécifique. Après l’« européanisation sans l’Union européenne » de la politique de défense française dans les années 1990 identifiée par Bastien Irondelle, on observe une « otanisation avec l’OTAN » des politiques de défense des trois principales puissances militaires européennes au cours des années 2000, du fait de la campagne en Afghanistan.