Des usages politiques du musée à l'échelle européenne
Cet article est issu des résultats d’une enquête ethnographique et sociohistorique menée entre 2004 et 2010 sur les « musées de l’Europe » en gestation dans plusieurs pays de l’Ouest de l’Europe depuis la fin des années 1980. Ces nouveaux musées consacrés de manière inédite à l’histoire et à la culture de l’Europe, en partie conçus par leurs promoteurs comme des « agents de la conscience européenne » (Shore, 2000) à des fins identitaires, sont le lieu d’une mobilisation privilégiée du registre du « passé européen », jugée indispensable à l’établissement d’une « mémoire européenne », elle-même pressentie comme nécessaire à la construction d’une « identité européenne ». De là, il convient d’interroger la manière dont l’outil muséal est aujourd’hui instrumentalisé à des fins d’usages politiques du passé au-delà du cadre stato-national et de comprendre de qui émane cette décision. Cet article, en analysant les liens entre les « musées de l’Europe » et les politiques du passé en gestation aux échelles européenne et communautaire (Gensburger, 2008 ; Lavabre, 2008), contribue ainsi à renseigner les processus d’européanisation de la mémoire comme catégorie d’action publique.