« Devenir les ambassadeurs de l'Europe »
À partir de l’observation in situ du « premier sondage délibératif paneuropéen » – Tomorrow’s Europe – qui s’est déroulé dans les bâtiments bruxellois du Parlement européen un week-end d’octobre 2007, les auteurs se proposent d’analyser les conceptions des divers entrepreneurs d’Europe qui ont imaginé, organisé et opérationnalisé par cette expérience un échantillon physique de l’espace public européen. Pendant trois jours, ils ont regardé comment les quatre cents citoyens venus des vingt-sept États membres de l’Union européenne s’y prenaient pour « discuter de l’Europe de demain » dans un dispositif présenté comme scientifiquement éprouvé. Au-delà du débat intellectuellement et politiquement toujours signifiant sur l’artificialité ou la non-représentativité de cette incarnation de la citoyenneté européenne, les auteurs s’intéressent surtout aux représentations d’institution – ici les institutions de l’Union européenne, les think tanks et d’autres partenaires des affaires publiques européennes – relatives aux perceptions populaires de l’Europe. En rapprochant dans une même analyse les emprunts aux théories et aux méthodes de la science (et en premier lieu de la science politique), le protocole prescrit pour la « délibération », la mise en scène de l’interculturalité europhile et la stratégie médiatique de Tomorrow’s Europe, l’expérience apparaît davantage sous le jour d’un instrument politique au banc d’essai ; un instrument politique capable de figurer la société civile européenne et de rendre son opinion prédictible.