Les institutionnalistes (américains) devraient-ils lire les sociologues (français) ?
Cet article traite des accords et désaccords entre le néo-institutionnalisme et la sociologie politique d'inspiration bourdieusienne dans l'étude de l'Union européenne. L’objectif est d’avancer des façons concrètes d'intégrer l'acquis sociologique dans le corpus néo-institutionnaliste. Pour ce faire, je démontre d'abord comment l'importance accordée par les néo-institutionnalistes aux normes et aux règles fait place chez les sociologues politiques à une théorie des champs plus englobante. Je propose ensuite d'ajouter le conflit et la domination (chers aux sociologues politiques) aux mécanismes de changement institutionnel développés par les néo-institutionnalistes, notamment les conséquences inattendues, l'entrepreneurship, l'innovation sociale et l'isomorphisme. Finalement je souligne l'intérêt qu'il y aurait pour les néo-institutionnalistes à délaisser la dichotomie abstraite entre logique des conséquences et logique de l'à-propos en faveur d'une conception générique de la pratique, validée par l'enquête de terrain.