Why EU democratic theory needs a decolonial turn: Racism, colonialism and the ‘we’ of democracy
Pourquoi la théorie démocratique de l’UE a besoin d’un tournant décolonial : le racisme, le colonialisme et le « nous » de la démocratie
Chercheurs dans le champ académique des études européennes débattent depuis longtemps l’existence (ou l’absence) d’un « demos » européen, un désaccord qui a d’importantes implications politiques pour notre compréhension de la démocratie européenne. Cependant, malgré l’émergence d’innovations conceptuelles telles que l’idée de « demoicracy », la littérature autour de la théorie politique et la démocratie dans l’UE a largement omis le passé et le présent coloniaux de l’intégration européenne. L’article pose la question suivante : comment la littérature sur la démocratie dans l’UE a-t-elle traité le racisme et le colonialisme, et qui est conçu comme le « nous » de la démocratie ? L’article soutient que les débats dans la littérature ont eu tendance à reproduire les débats institutionnels, en reproduisant la pensée des institutions européennes plutôt qu’en la remettant en question. Ainsi, compte tenu du silence général de la littérature concernant la relation entre colonialisme et démocratie européenne, il est urgent de poursuivre un tournant décolonial dans la théorie démocratique de l’UE. Cela implique de relier les injustices épistémiques aux injustices matérielles, et donc de privilégier les voix des pays du Sud global dans la réflexion sur la démocratie. Contrairement aux notions traditionnelles de « demos » ou « demoi », l’article propose la notion de « multitude décoloniale », une perspective alternative pour concevoir le « nous » de la démocratie qui nourrit un imaginaire mouvementiste et internationaliste au sein et au-delà de l’UE.
