(Un)learning ‘Europe’ as Decolonial Practice
(Dés)apprendre « l’Europe » comme pratique décoloniale
Si des approches critiques ont émergé ces dernières années, historiquement les études européennes n’ont pas suffisamment reconnu l’importance du colonialisme, du racisme et des pratiques impérialistes pour comprendre non seulement le passé, mais aussi le présent. Ce numéro spécial propose une approche décoloniale des études européennes, reliant les injustices matérielles aux injustices épistémiques, afin de souligner la pertinence politique du travail scientifique et la nécessité de l’autoréflexivité. Cette perspective facilite non seulement une profonde introspection de l’UE, qui doit réconcilier son histoire coloniale avec ses aspirations à la justice et à l’égalité mondiales, mais aussi du champ des études européennes, qui aligne souvent ses priorités de recherche avec les agendas institutionnels de l’UE. La pratique décoloniale vise donc non seulement à analyser la réalité politique, mais aussi à fournir des outils conceptuels pour la comprendre et la transformer. Nous défendons donc la logique de la décolonialité pour remettre en question les récits eurocentriques qui continuent de concevoir l’Europe comme le berceau de la modernité, synonyme de progrès et de civilisation, et comme blanche. Cela implique de s’intéresser sérieusement aux épistémologies des Suds et des Ests globaux, et de répondre aux impératifs éthiques et matériels de la décolonisation. Travailler sur « l’Europe » sans la présupposer comme le centre de la planète garantit que les histoires de ceux qui ont été exploités par le colonialisme et le capitalisme européens soient racontées, entendues et dotées d’un poids épistémique. Ces histoires, à leur tour, ont le potentiel de transformer notre compréhension de l’Europe elle-même.
