La mémoire européenne en action

Dossier
Acteurs, enjeux et modalités de la mobilisation du passé comme ressource politique pour l'Union européenne
Par Oriane Calligaro, François Foret
Français

L’usage de la mémoire comme ressource politique par les institutions européennes ne renvoie pas nécessairement à la création d’un mythe fondateur sur le modèle de l’État-nation. Si la recherche du « grand récit » est bien présente parmi les motivations des acteurs, elle coexiste avec des stratégies visant d’autres types de légitimation ou poursuivant des intérêts de court terme. La montée en puissance d’une mémoire européenne ne signifie donc pas la fin des versions enchantées des histoires nationales. Elle peut proposer des projets alternatifs, s’appuyer sur les imaginaires nationaux pour les dépasser ou les retravailler. Trois scénarios observables sont illustrés dans cet article par une étude de cas. Le premier scénario est l’européanisation de l’intérieur des mémoires nationales : les institutions européennes participent à la mise en valeur de lieux historiques nationaux transformés en « lieux de mémoire européens » ; le deuxième est l’énonciation d’une mémoire spécifique du processus d’intégration européenne : elle passe par le soutien à des réseaux d’historiens spécialistes de l’intégration après 1945, mais également par la promotion d’une « grande histoire » de l’Europe sur la longue durée ; Le troisième assume explicitement une ambition de doter l’UE d’un grand récit des origines autonome des histoires nationales. Le débat sur l’héritage chrétien de l’Europe amorcé lors du processus constitutionnel en est une application concrète.

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