Will individual attachments amongst EU citizens turn them into europeans ?

Mismatch between the EU institutional context and deliberative democracy
Par Annabelle Littoz-Monnet
Français

Les attachements individuels entre citoyens de l’Union européenne les transformeront-ils en Européens?

Discordance entre démocratie délibérative et contexte institutionnel européen A travers une lecture approfondie du modèle de patriotisme constitutionnel d’Habermas, cet article tente d’élucider le lien entre développements institutionnels européens, l’émergence possible d’une sphère publique européenne – conçue par Habermas comme la seule source de légitimité des décisions publiques et comme condition préalable au développement d’un sens civique de citoyenneté chez les Européens – et les relations affectives (‘horizontales’) entre Européens. Plusieurs dynamiques sont mises en lumière. Tout d’abord, il ressort qu’au cœur de la conception habermasienne de citoyenneté supranationale se trouvent aussi les relations horizontales entre Européens, essentielles au fonctionnement de la sphère publique européenne – et sur laquelle repose le modèle d’Habermas. Cependant, si l’existence d’un attachement ‘vertical’au système politique européen – lui-même promu par les initiatives de l’Union européenne visant à la création d’une identité européenne – peut permettre aux relations affectives entre Européens de se développer, la façon dont les formes horizontales d’intégration entre individus peuvent, réciproquement, avoir un impact sur l’identification des individus à l’Union européenne en tant que projet politique est moins claire. L’article montre, en particulier, que le système institutionnel européen n’est pas propice au développement d’une forme délibérative de démocratie, dans la mesure où les institutions sont structurellement prédisposées à filtrer les discussions publiques de telle manière que les différents participants au débat public ne se sentent pas également représentés à travers le contenu des décisions politiques. Dans un tel contexte, et en imaginant même l’éventualité qu’une réelle sphère publique européenne émerge progressivement, il est peu probable que les citoyens de l’UE développent un sentiment d’appartenance à une réelle communauté de citoyens.

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